
Principes de gravité
Principes de gravité est un recueil de pensées numérique qui se présente à l'internaute sous la forme d'un livre. Divisée en six chapitres, l’œuvre hypermédia s’explore aléatoirement. Un avant-propos explique le concept du registre virtuel, qui suggère d'expérimenter la perte imposée par l'acte de lecture devant l'obligation au choix. Pour chaque fragment, il faut choisir entre deux avenues, afin de parcourir le recueil. Chaque page de ce livre propose des aphorismes pessimistes, ironiques et défaitistes, qui sont juxtaposés à une imagerie sombre et glauque de ruine, de débris et de désolation. L'impression de naviguer dans un univers de perte et d'anxiété est omniprésente tout au long du parcours de lecture.
Le livre en pixel apparaît, de prime abord et dans toute son ambiguïté, comme le signe de l’expérience de la perte. Lire à l’écran implique un choix de lecture en lui-même : si ce n’est l’abandon de la lecture traditionnelle, il consiste à tout le moins à un remplacement. Le codex lui-même n’est que l’image d’un livre en quelque sorte «perdu». En remédiatisant le livre à l’écran, c'est-à-dire en reproduisant virtuellement l’objet, l’acte de lecture se métamorphose. En effet, on ne lit plus si simplement des propositions matériellement imprimées, mais on visionne, on écoute et on interagit avec un texte multimédia mouvant. Les pages ne sont plus disposées de la même manière. L’accès lui-même au livre s’est entièrement transformé. En somme, en optant pour cette méthode de lecture hypermédia, le lecteur délaisse une tradition de lecture et doit s’en créer une nouvelle.
En tant qu’œuvre, Principes de gravité s’inspire des schèmes de pensées «traditionnels». Chacune des pages en pixel décline la figures de la perte. On lira par exemple «Il ne faut pas s’imaginer que l’on peut faire une différence», comme une version pessimiste du destin. À force de progresser ainsi dans un labyrinthe de choix, la navigation devient incertaine, hasardeuse à l’excès. On ne sait plus quel choix faire, quelle route prendre, et malgré que tous ces choix puissent ne mener à rien, on est contraint à choisir. On peut craindre de s’aventurer plus loin. Cependant la perspective de l’issue, et peut-être nos habitudes de lecture, nous incitent à poursuivre l’exploration de l’hypertexte.
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