"Est-ce que Google nous rend stupide?", le livre.

Nicholas Carr récidive. L'auteur, dont un article publié il y a deux ans dans le mensuel The Atlantic (traduit en français ici) alléguait que l'utilisation d'Internet modifiait nos capacités congitives et faisait de nous des lecteurs (et des usagers) moins attentifs et efficaces, à la mémoire à long terme plus poreuse.

Non content de susciter une polémique et d'inquiéter tout bon adepte du Web qui craindrait, suite à sa lecture de l'article, de voir ses capacités mentales s'effriter à chaque fois qu'il active un hyperlien, Carr a considérablement allongé son article afin d'en faire un livre au complet, The Shallows. What the Internet Is Doing to Our Brains.

Il semble que Carr a nuancé sa position depuis l'écriture de son article de 2008. Le ton alarmiste est disparu, notamment parce qu'un important contexte historique est élaboré afin de mesurer l'impact des transformations technologiques sur l'activité cognitive de la lecture. Depuis l'exclusion des poètes de la Cité par Platon jusqu'à l'interruption de la progression dans un texte sur le Web provoqué par l'activation d'un hyperlien, Carr démontre que toute révolution technologique développe des nouvelles aptitudes lecturales, au détriment d'autres. La constante suspension de notre attention, la lecture en diagonale et l'incapacité à retenir ce qui est contenu dans un texte disponible sur le Web (parce qu'après tout, on pourra toujours le retrouver avec une recherche Google!) seraient, selon Carr, le prix à payer pour un accès quasi-instantané et omniprésent à une banque d'information prodigieuse, ainsi que la capacité à effectuer plusieurs opérations mentales simultanément. Il semble donc que Carr ne fait pas qu'étirer la sauce de son article polémique dans ce livre. Le mieux serait probablement de lire son bouquin au complet, mais comme l'affirme Carr lui-même, qui aujourd'hui prend encore le temps de lire des textes aussi longs?

 

Lire la critique du livre produite par Michael Agger pour le compte du magazine Slate ici.

La traduction en français de la critique, par Peggy Sastre, est disponible ici.