Indect
Indect (2013) est une oeuvre de Max Kowalewski qui prend l'apparence d'une toile en plastique rouge ou noire étirée à l'intérieur d'un profond cadre en métal. Lorsqu'un.e spectateur.trice entre dans le champ de vision du dispositif, un visage tridimensionnel émerge et suit du regard l'individu sélectionné, l'oeuvre étant munie d'une caméra et d'un logiciel de reconnaissance faciale. La toile ainsi tendue par le visage d'un automate, le tableau monochrome déstabilise la hiérarchie du sentiment d'un regard unidirectionnel provenant du regardeur. L'occurence physique de l'oeuvre renferme un dispositif hypermédiatique qui capture la présence des visiteurs.
La vidéo de présentation de l’œuvre, narrée par une voix de synthèse, affirme qu’en plus d’opérer un système de reconnaissance faciale, les prises de vue de la caméra sont envoyées sur un site lorsqu’un réseau internet est détecté par le dispositif. Ce site fait office de base de données de l’œuvre, répertoriant les photographies des visiteurs selon la date et l’heure exacte auxquelles elles ont été prises. Bien que les individus observés par Indect soient filmés et photographiés à leur insu grâce à une technologie récente qui tend à se rendre invisible, la mécanique et l’esthétique de l’œuvre demeurent brutes. Le cadre de métal aux boulons apparents renferme un mécanisme saccadé et sonore, qui fait office de caméra de surveillance.
Indect de Max Kowalewski est une référence directe au programme du même nom (INDECT: Intelligent information system supporting observation, searching and detection for security of citizens in urban environment) visant le développement de systèmes de surveillance intelligents. Ce programme est développé depuis 2009 en partenariat avec plusieurs universités européennes et financé principalement par l'Union européenne. Son objectif est d'analyser et de stocker le flux de données offert par les caméras de vidéosurveillance déjà présentes dans l'espace public afin de combattre le terrorisme et toutes autres activités criminelles. L’organisme affirme ne procéder à aucune installation de caméras de surveillance supplémentaires, mais procèdera plutôt à une automatisation des systèmes de surveillance existants, en plus d'accroître la sécurité et la protection des usagers d'Internet. En déstabilisant la hiérarchie de l'observateur et de l'observé, du photographe et du photographié, l'oeuvre de Kowalewski porte un regard critique sur les dispositifs de surveillance et leur prolifération dissimulée dans l'espace public.
Informations
L'oeuvre est documentée par l'artiste sur Vimeo, YouTube et dans son portfolio disponible en ligne.