The Artist Is Present
L’œuvre hypermédiatique The Artist Is Present est un jeu vidéo fictionnalisant la performance au même titre1«Pendant plusieurs mois, l’artiste [Marina Abramovic] est restée assise sur une chaise, face à une autre chaise vide sur laquelle les spectateurs étaient invités à s’asseoir un à un pour un dialogue muet et statique.» (http://www.filmdeculte.com/cinema/film/Marina-Abramovic-The-Artist-Is-Present-4480.html) de l’artiste serbe Marina Abramovic présentée au MoMA (Museum of Modern Art à New York) en 2010.
Dans le cadre de cette œuvre, l'internaute est doté d'un personnage avatar qui fait l'expérience du processus de rencontre de l'artiste. Dans une esthétique de jeu vidéo rétro, l’œuvre débute avec différentes consignes et informations sur son fonctionnement. L’internaute contrôle son avatar à l’aide des flèches du clavier et de la touche Enter pour faire défiler les boîtes de dialogue. Une fois à l'intérieur du musée, l’internaute doit acheter son entrée à la billetterie (au tarif adulte de 25 dollars, réel tarif du musée) et le présenter à l’agent de sécurité avant de poursuivre dans les salles d'exposition. Il peut ensuite prendre connaissance des différentes toiles exposées et enfin, faire la file pour rencontrer l’artiste. À partir de ce moment, l’internaute doit attendre plusieurs heures2Déjouant nos habitudes hyperactives sur la toile. pour tenter d'avoir un entretien virtuel avec le simulacre de l'artiste. L’internaute n’a d’autres choix que d’attendre, car il n’a pas accès aux autres étages – en effet, le paratexte lui informe qu’il est ici pour rencontrer Marina Abramovic. Cette œuvre respecte de façon rigoureuse les codes d'un musée; d’ailleurs, si l’internaute désire consulter l'œuvre en-dehors des heures d'ouverture du musée, l'accès est interdit. Plusieurs incongruités sont intégrées: par exemple, si l’internaute s’impatiente durant l'attente il se fait renvoyer de l'établissement virtuel, ou bien, s'il quitte sa place dans la file, les autres avatars derrière lui prendront sa place. Pippin Barr remet ainsi en contexte, non sans humour, toutes les composantes inhérentes à l’expérience réelle de la performance d’Abramovic.