Prise de tête

Prise de tête se comprend autant au sens littéral que figuré: le bonhomme ne cesse de devoir manipuler sa tête dans une quête identitaire, nous devons utiliser la nôtre pour saisir l’œuvre. Son minimalisme, exprimé par le style bonhomme allumette de l’environnement et par les interactions simplifiées au maximum dans sa narration (utilisation de pictogrammes), se mélange avec le désordre dans lequel il faut interagir afin de reconstituer le corps de l’œuvre. Celle-ci débute néanmoins à la manière d’une bande dessinée conventionnelle (présentant son code minimaliste). On regarde les différentes scènes présentées par des sous-titres, on décode les pictogrammes, on clique sur le point gris afin d’accéder à la prochaine page. À mesure que l’œuvre progresse, divers procédés obligent le lecteur à se plonger dans toutes les nouvelles techniques narratives que permet ce support. L’auteur affirme lui-même que «ces manipulations ‘‘ludiques’’ mettent en branle de multiples parcours (les explorations de chaque spectateur) alors même que Prise de tête offre un récit linéaire unidirectionnel (et donc pas une ‘‘histoire dont vous êtes le héros’’)». Par exemple, on est d’abord obligé d’utiliser la barre de défilement (certaines images étant volontairement trop grandes, on est placé au haut ou bas de celles-ci). Ensuite, des manipulations plus complexes (mais, toujours dans un esprit de simplicité) commencent à corser la compréhension de ce minimalisme visuel: des capteurs de position font apparaître un complément aux images déjà présentes, des barres de défilement se glissent à l’intérieur même des cases, la souris permet de déplacer trois cases sur une image géante, mais invisible en dehors de ce qui est à l’intérieur de ces trois cases, etc.

De manière plus théorique, un mémoire disponible en format pdf explique de façon détaillée la problématique qu’est la bande dessinée interactive en s’appuyant principalement sur cette œuvre, exemple de ce nouveau type de bande dessinée, dont il est l’auteur. Ce mémoire est d’ailleurs résumé auparavant dans un texte Internet classique.